Guide pratique de conduite à Lagos
Faut-il être fou ou inconscient pour conduire soi-même son véhicule à Lagos ? Pas nécessairement. Mais un Nigérian m’a donné un jour ce conseil avisé : « Pour bien conduire à Lagos, considérez que tous les gens autour de vous sont cinglés, et vous, la seule personne saine d’esprit » A ce point ? Oui, à ce point. Pour conduire à Lagos, il faut considérer qu’absolument TOUT est possible. J’ai tendance à penser que s’il y a bien un danger immédiat et quotidien à Lagos, ce ne sont ni les attaques, ni les agressions dont on parle tout le temps mais qu'on ne voit pas si souvent, mais bien la route.
Tout peut se produire. Demi-tour sur les voies express. Rouler sur la voie d’en face à contre-sens. Doubler sur la droite, queues de poisson, freinages intempestifs. Une roue du véhicule devant vous qui s’échappe à pleine vitesse (vu). Parfois, malheureusement, je ne l’ai jamais vu mais je sais que ça arrive, quelqu’un qui tombe d’un véhicule surchargé.
Autant le signaler d’emblée : le clignotant n’a que peu de signification à Lagos. Les ingrédients d’une conduite sécurisée ? Le klaxon (loin en tête), la main tendue par la fenêtre pour faire signe au véhicule de derrière qu’on veut passer devant lui, et dans une certaine mesure les appels de phares. Il y a évidemment coup de klaxon et coup de klaxon, appel de phares et appel de phares… à interpréter en fonction du contexte. Et si vous tendez la main par la fenêtre pour faire signe que vous voulez passer, vérifiez d’abord qu’il n’y ait pas une okada dans votre angle mort.
Que se passe-t-il en cas d’accrochage (acrrochage mineur bien entendu) ? Les assurances n’étant pas la généralité au Nigeria, et le constat à l’amiable visiblement inconnu, les Nigérians règlent les problèmes sur place. Sur place au sens propre : là où on a cogné, on s’arrête, en plein milieu de la rue s’il le faut (généralement, il le faut) Les protagonistes sortent du véhicule. Chacun cherche à rugir plus fort que l’autre en utilisant quelques formules consacrées tournant généralement autour de l’importance de l’ego blessé : « Savez-vous qui je suis ? », « Vous croyez que ça va se passer comme ça ? », « J’ai des relations ». Les passants peuvent s’arrêter et participer au débat. La police peut s’en mêler si elle est dans les parages, mais on ne sait pas combien va coûter sa participation. Une fois que tout le monde s’est époumoné, on retourne vaquer à ses occupations.
Si vous êtes étranger au pays, et que vous ne maîtrisez par conséquent pas les règles de l’intimidation à la nigériane, soyez poli et excusez-vous (même si vous êtes en tort) : votre interlocuteur ne s’y attend tellement pas que cela suffit généralement à calmer la fausse colère qu’il vous préparait.
Pour finir, une anecdote rapportée par un ami : lors d’un accrochage sur le Third Mainland Bridge, en plein bouchon : un chauffeur de danfo (petit bus jaune) rentre dans l’arrière d’une belle voiture neuve. Pris de panique à la vue du conducteur du beau véhicule qui s’apprêtait à descendre pour constater les dégâts (à peine une rayure), le chauffeur du danfo quitte précipitamment son t-shirt et saute dans l’eau pour s’enfuir à la nage. L’éclat de rire général a résolu la situation, mais nul ne sait comment le chauffeur a récupéré son véhicule par la suite...
Tout peut se produire. Demi-tour sur les voies express. Rouler sur la voie d’en face à contre-sens. Doubler sur la droite, queues de poisson, freinages intempestifs. Une roue du véhicule devant vous qui s’échappe à pleine vitesse (vu). Parfois, malheureusement, je ne l’ai jamais vu mais je sais que ça arrive, quelqu’un qui tombe d’un véhicule surchargé.
Autant le signaler d’emblée : le clignotant n’a que peu de signification à Lagos. Les ingrédients d’une conduite sécurisée ? Le klaxon (loin en tête), la main tendue par la fenêtre pour faire signe au véhicule de derrière qu’on veut passer devant lui, et dans une certaine mesure les appels de phares. Il y a évidemment coup de klaxon et coup de klaxon, appel de phares et appel de phares… à interpréter en fonction du contexte. Et si vous tendez la main par la fenêtre pour faire signe que vous voulez passer, vérifiez d’abord qu’il n’y ait pas une okada dans votre angle mort.
Que se passe-t-il en cas d’accrochage (acrrochage mineur bien entendu) ? Les assurances n’étant pas la généralité au Nigeria, et le constat à l’amiable visiblement inconnu, les Nigérians règlent les problèmes sur place. Sur place au sens propre : là où on a cogné, on s’arrête, en plein milieu de la rue s’il le faut (généralement, il le faut) Les protagonistes sortent du véhicule. Chacun cherche à rugir plus fort que l’autre en utilisant quelques formules consacrées tournant généralement autour de l’importance de l’ego blessé : « Savez-vous qui je suis ? », « Vous croyez que ça va se passer comme ça ? », « J’ai des relations ». Les passants peuvent s’arrêter et participer au débat. La police peut s’en mêler si elle est dans les parages, mais on ne sait pas combien va coûter sa participation. Une fois que tout le monde s’est époumoné, on retourne vaquer à ses occupations.
Si vous êtes étranger au pays, et que vous ne maîtrisez par conséquent pas les règles de l’intimidation à la nigériane, soyez poli et excusez-vous (même si vous êtes en tort) : votre interlocuteur ne s’y attend tellement pas que cela suffit généralement à calmer la fausse colère qu’il vous préparait.
Pour finir, une anecdote rapportée par un ami : lors d’un accrochage sur le Third Mainland Bridge, en plein bouchon : un chauffeur de danfo (petit bus jaune) rentre dans l’arrière d’une belle voiture neuve. Pris de panique à la vue du conducteur du beau véhicule qui s’apprêtait à descendre pour constater les dégâts (à peine une rayure), le chauffeur du danfo quitte précipitamment son t-shirt et saute dans l’eau pour s’enfuir à la nage. L’éclat de rire général a résolu la situation, mais nul ne sait comment le chauffeur a récupéré son véhicule par la suite...